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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 16:20

Comment une petite fille hantée par l’idée de ne pas avoir

été désirée par ses parents, grandit et vit toute sa jeunesse

dans une forme de dépression chronique.

Grâce à Dieu elle va retrouver la joie de vivre et d’aimer.

  Un témoignage qui donne espoir aux personnes ayant souffert de conflits parentaux
qui ont engendré des blessures émotionnelles profondes.
  

Anne, la petite Québécoise, raconte.

Lire la partie I

Lire la partie II

Lire la partie IV Lire la partie III

 

- PARTIE V -

Afin de garder l’anonymat, tous les noms ainsi que certaines villes dans ce présent document ont été changés. Pour contacter l’auteur, écrire à la rédaction l’Echo des Chrétiens.

 

Mon retour chez mes parents

             À mon retour, je voulais raconter à ma famille la belle découverte que j’avais faite, mais on l’accepta mal. J’avais changé de religion, me disait-on. J’avais changé de religion ? Je n’étais même pas au courant ! Je leur ai expliqué que Jésus était sans religion. Je ne savais pas comment expliquer que ce n’était pas une affaire de religion.

Mon père me dit :

            - « Je savais que tu avais changé de religion quand tu m’as parlé d’une église où toutes les dénominations se rencontraient. »

            J’en arrivai donc à croire que j’avais changé de religion. Et il se passa plusieurs années avant que je fus capable d’expliquer clairement que Jésus n’est pas une religion mais une personne vivante qui désire nous donner une nouvelle vie remplie d’amour, de joie et de paix. En ce qui concerne les religions et les nombreuses dénominations chrétiennes, elles se réchauffent toutes au même feu divin dans ce monde parfois si froid : Jésus-Christ de Nazareth.

 

Remise en question et réflexions sur moi-même

            Plusieurs années plus tard, suite à des situations qui m’avaient épuisées physiquement et émotionnellement, je vécus une véritable remise en question. Le soir venu, je devenais noire c’est-à-dire que j’avais des pensées noires et cette noirceur s’était accentuée depuis un certain temps. J’ai donc tout remis en question : ma foi, mes croyances, mes valeurs, mon passé, mon présent et même mon avenir.

            Un jour que j’étais seule à la maison, je me suis assise sur le sofa et j’ai regardé dehors en ouvrant mon coeur à Dieu : « Mon Dieu, il y a quelque chose qui cloche en moi. Jésus dit qu’il est venu apporté la vie, la vie en abondance mais moi je n’aime pas la vie. Je trouve que la vie est difficile. Parfois, j’aurais préféré ne pas naître. Ce n’est pas normal ça. Il y a certainement quelque chose que je ne comprends pas. Je vais être franche : je n’aime pas vivre. Pourtant, j’aimerais aimer la vie. J’irais jusqu’à dire que j’aimerais aimer, aimer vivre ! Dieu, je ne te demande pas de faire quelque chose mais pour moi c’était important que je te le dise. »

            Je devais apprendre une très bonne leçon, celle de comprendre à fond le verset : « Aime ton prochain comme toi-même » Je n’avais jamais accroché sur la partie « comme toi-même. » Pourquoi est-ce que je ne l’avais jamais saisie après toutes ces années à me dire chrétienne ? Un jour, je parlais avec une femme de mon passé (quelque chose que je ne faisais pas habituellement) et elle me dit avec assurance : « Donc tu n’as jamais compris : aime ton prochain comme toi-même ? »

            - « Je ne comprends pas pourquoi vous me dites ça. » lui ai-je dit.

            - « Tu as toujours renoncé à toi-même au point de te rendre invisible. Aurais-tu accepté que quelqu’un se rende invisible pour toi ? » J’étais stupéfaite. Bien sûr que je n’aurais jamais voulu que quelqu’un se rende invisible pour moi. Toutes ces années à croire que si je m’effaçais, mes parents, mes frères et mes sœurs seraient enfin heureux ! J’avais passé des années à me rendre invisible parce que j’avais toujours cru que c’était une erreur que je fus née.

            La dame continua : « Comment alors peux-tu aimer ton prochain si tu ne sais même pas t’aimer toi-même ? Tu n’auras jamais le discernement nécessaire pour accepter ou refuser selon les circonstances parce que tu crois qu’aimer, c’est aller jusqu’à te détruire. »

            Ouf ! Ces paroles m’avaient tellement ébranlée que je n’avais pas cessé d’y penser pendant des jours ! Finalement, j’ai commencé à faire l’exercice intérieur dans toutes les circonstances de ma vie : « Est-ce que je voudrais que quelqu’un vive ce que je vis en ce moment ? » Cela changea toute ma façon de penser et d’agir. Je commençais à changer. Certaines personnes autour de moi n’appréciaient pas mon changement. Bien que c’était difficile au début d’accepter que je pouvais être rejetée, aujourd’hui j’aime mieux cette perte qu’être dans l’erreur au sujet d’aimer son prochain comme soi-même !

            Sans que je sache à quel moment c’est arrivé, les pensées noires ont totalement disparu de ma vie sans laisser de trace ! Jésus amène les enfants de Dieu sur le chemin de la foi. Ce chemin est une formation par l’école de la vie. Suite à cette formation à ma juste mesure, je sentais que je devais parler à mon père et l’occasion se présenta d’une façon tout à fait inattendue.

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Réconciliée avec mon père 

            Mon père tomba malade d’une maladie dont les médecins ne connaissaient pas les causes  : l’insuffisance pulmonaire. Mon père, un homme si fort, si actif, était maintenant réduit à la sédentarisation. Le médecin spécialiste en la matière lui avait recommandé de mettre ses affaires en ordre et d’aviser sa famille qu’il lui restait environ un an à vivre. Quel choc ! J’en profitai pour lui rendre visite le plus possible. Je décidai de m’intéresser à lui. Je ne connaissais presque rien de son enfance, des ses parents et de sa vie de jeune adulte. Je voulais savoir. Je voulais connaître. Et c’est ainsi que je découvris un homme qui avait connu la joie et la paix dans son enfance. Fils de fermiers, il me confia que les moments qu’il avait connus dans sa jeunesse tel être couché dans un champ de blé lui  manquaient.

            - « Cette liberté que je connaissais, ça me manque. Je souffre de ne plus jamais revivre les sentiments que j’éprouvais dans ma jeunesse après une belle journée de travaux aux champs. »

            Il me disait aussi comment les gens avaient changé. L’entraide entre voisins n’existait plus. J’appris que jeune garçon, il avait été un grand amateur d’oiseaux et qu’à mains nues, il parvenait à les attraper ! J’appris qu’il avait grandi entouré des ses oncles, ses tantes, ses cousins et ses cousines. Ceux-ci habitaient les fermes avoisinantes ainsi que le village situé à proximité. Mon père devint professeur de menuiserie. Il était très adroit et perfectionniste arrivant à créer de belles œuvres avec des morceaux de bois encore à l’état brut. Finalement, le médecin se trompa et mon père vécu trois ans au lieu d’un an comme on lui avait prédit.

            Pendant ses trois dernières années de vie, pressés par le temps, mon père et moi avons beaucoup parlé et échangé. Il arrivait que, parfois ce soit moi qui l’encourageais, parfois c’est lui qui m’encourageait selon les épreuves du moment. À ma très grande surprise, il me confia un jour savoir pourquoi il était malade :

            - « Je sais que Dieu m’a donné cette maladie parce que j’ai le cœur dur. Je lui ai donc demandé de me laisser mourir sanctifié au maximum. »

            Alors s’ouvrit une porte toute grande pour nous et nous l’avons franchie. Je lui exprimai mes peines du passé. Il m’exprima tout son regret. De mon côté, je savais que je lui avais aussi fait de la peine par des choix stupides de jeunesse et je lui demandai pardon. Nous avons longuement parlé. J’ai vu un homme bien mal compris. J’ai vu une souffrance silencieuse que sa fierté d’homme fort ne lui permettait pas d’étaler au grand jour. Enfin, il n’excusa pas son comportement destructeur et me demanda simplement pardon. Comment ne pas être touchée ? Comment ne pas admirer ce courage de me demander pardon sans avoir à se justifier. 

            - « Pardonne-moi. »

             C’est tout. Pas de « c’est parce que… ou je te demande pardon mais… » Non. « Pardonne-moi. » Ces simples mots ont une puissance qu’aucune armée de terre ou de mer ne pourra jamais égaler. C’est ainsi que j’appris toute la puissance du pardon, un pardon fait en toute simplicité de cœur avec sincérité. Non pas ce pardon exprimé rapidement pour se défaire d’un embarras encadré d’une dorure d’orgueil. Je parle du pardon authentique. Celui qui bouge des montagnes, des montagnes de peines et de douleur. Comment tant d’années de peines, de douleurs et de chagrins peuvent-elles être complètement détruites par deux simples mots venant d’un cœur sincère ? Quelle puissance, quelle force ! Sachant que je lisais la bible et que j’aimais Jésus, mon père osa me raconter que lors de son passage à l’université dans sa jeunesse, il avait rencontré des chrétiens. Il n’avait jamais oublié ce qu’on lui avait dit. Maintenant parvenu au seuil de la mort, il me demanda si ce que lui avaient dit ces jeunes gens était effectivement dans la Bible. Je lui confirmai que oui. Ce que ces jeunes gens lui avaient dit était scripturaire. C’est ainsi qu’il réfléchit à tout ce que nous avions discuté pendant les semaines et les mois qui suivirent.

            L’inévitable devait se produire. A l’automne 2007 mon père, suite à une chute, fut admis d’urgence à l’hôpital général de Montpellier en Ontario. Cet hôpital se trouvait à 1 ou 2 kilomètres de la maison paternelle où j’avais grandi. Mon mari et moi avions pris l’habitude de rendre visite à mes parents tous les vendredis soirs. Cependant, lorsque mon père s’est retrouvé à l’hôpital, nos visites devinrent plus fréquentes. Lors d’une d’entre elles, je n’oublierai jamais la scène qui se présenta à nos yeux. Mon père était couché sur une civière dans l’unité d’urgence dans un espace restreint derrière un rideau que quelqu’un avait tiré mais non complètement. Ils le gardaient sous observation, nous avait-on dit. Nous nous sommes approchés de lui mais il avait les yeux fermés. Je pensais qu’il dormait mais j’ai vu qu’il pleurait. Sentant notre présence, il ouvrit les yeux pour nous apercevoir. Il tenta de nous saluer mais il était mal à l’aise qu’on le voit ainsi. Nous ne savions que faire.

            - « Je suis un peu gêné que tu me vois comme ça… dit mon père à mon mari. J’aurais préféré que tu ne me vois pas comme ça, c’est pas ben beau de voir un homme pleurer… »

            C’est étrange, mais je me sentis soudainement comme si mon père et mon mari étaient seuls entre hommes et que je n’étais qu’une spectatrice de la scène qui se déroulait devant moi. C’est alors que mon mari a dit les mots qui surent réconforter mon père et lui apporter un soulagement instantané : 

            - « Vous savez, c’est quand les choses sont aux pires que l’homme est à son meilleur. C’est ce que je vois en ce moment, un homme à son meilleur. »

            Les yeux de mon père s’illuminèrent à travers ses larmes comme je ne les avais jamais vus auparavant. Avec un élan d’encouragement, il échangea encore un instant avec mon mari toujours sans que je fasse partie de cet échange. Je suis heureuse que j’aie su me taire à ce moment précis sans quoi j’aurais probablement empêché mon père d’exprimer ce qui suivit. Soulevant légèrement sa tête de l’oreiller pour mieux se faire comprendre, il nous demanda si nous savions pourquoi il pleurait.

            - « Non », avons-nous répondu en faisant signe de la tête.

            - « Je voudrais tellement dire quelque chose à mes enfants… »

            Il avoua alors comment il constatait avec regret les échecs de sa vie et qu’il était trop tard maintenant. Il continua de pleurer et nous gardions le silence. En vérité, nous ne savions plus quoi dire. Sans pouvoir souffler un mot, nous regardions les couvertures bleues et blanches qui recouvraient ses jambes et une partie de son corps affaiblit par la maladie. Il poursuivit :

            - « J’aimerais leur dire qu’ils ne doivent pas attendre d’être malade pour être réconcilié avec Dieu parce que, quand on est malade, on n’est plus capable de prier. »

            C’est alors que me vint l’idée que peut-être il voulait que je transmette son message.

            - « Veux-tu que je leur dise, papa ? »

            - « Oui. »

            - « Je leur dirai si tu veux. » Il fit un faible signe de la tête.

            - « Aurais-tu aimé que nous priions aussi pour toi ? »

            - « Oui » dit-il encore une fois. Le moment était critique. Nous avons prié Jésus. Nous lui avons demandé pardon pour nos péchés. Bref, nous avons prié en conséquence pour que mon père soit en règle avec Dieu. Une fois terminé, mon père ouvrit ses yeux remplis de larmes, leva sa tête en déployant beaucoup d’effort, regarda mon mari et moi-même et dit : « Je suis comme vous maintenant. » Ensuite il reposa lentement sa tête sur l’oreiller et ferma les yeux paisiblement. Après lui avoir dit au revoir, nous l’avons quitté pour retourner chez nous dans les Laurentides à plusieurs kilomètres de là. 

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            Mon père s’est éteint le 20 novembre 2007 entouré de son épouse et de ses enfants. Suite à son décès, l’infirmière qui s’était si bien occupé de lui nous offrit ses condoléances de façon toute particulière en ce jour de deuil :

            - « Je n’ai jamais vu un décès où il y a eu autant d’amour et de respect et ça fait 15 ans que je pratique mon métier ! »

 

Suite et fin témoignage partie VI

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