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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 16:33

Comment une petite fille hantée par l’idée de ne pas avoir

été désirée par ses parents, grandit et vit toute sa jeunesse

dans une forme de dépression chronique.

Grâce à Dieu elle va retrouver la joie de vivre et d’aimer.

  Un témoignage qui donne espoir aux personnes ayant souffert de conflits parentaux
qui ont engendré des blessures émotionnelles profondes.
  

Anne, la petite Québécoise, raconte.

 

Lire la partie I

Lire la partie II

Lire la partie III

Lire la partie IV 

Lire la partie V 

 

- PARTIE VI FIN -

Afin de garder l’anonymat, tous les noms ainsi que certaines villes dans ce présent document ont été changés. Pour contacter l’auteur, écrire à la rédaction l’Echo des Chrétiens.

En règle avec ma mère

            Quel enfant ne croit pas sa mère ? J’ai toujours cru ma mère, il a donc fallu bien des années avant que je me rende compte que ma mère inventait des histoires. Ma mère était une femme très intelligente, peut-être un peu trop. Elle lisait à l’âge de 4 ans. Elle avait toujours été la première de classe allant jusqu’à sauter deux années scolaires. Elle fut institutrice à l’école primaire dans sa vingtaine, ensuite mère au foyer et dans la quarantaine elle était retournée enseigner à titre de suppléante.

            Au fil des années, elle racontait des histoires plausibles mais remplies d’accusations au sujet de mon père. Les accusations qu’elle portait contre lui devenaient de plus en plus étonnantes au fur et mesure qu’elle vieillissait : il avait une double vie, il avait un enfant avec une autre femme, et plus encore. Mon père ne se doutait de rien. Je dois dire qu’elle a induit en erreur tous ses enfants pendant des années. Elle était bien douée pour nous manipuler. C’est comme si elle voulait que ses enfants n’aiment pas leur père. De mon côté, j’avais déjà commencé à « aimer comme soi-même ». Bien que je laissais toujours ma mère me dire ce qu’elle voulait, un jour que j’étais en visite chez mes parents, je finis par mettre un stop aux médisances. Je lui ai dit :

            - « Maman, je ne veux plus que tu me parles contre Papa. Comment aimerais-tu ça si quelqu’un parlait contre ton père ? »

            - « Ça m’insulterait », m’a-t-elle répondu.

            - « Eh bien, je n’aime pas ça moi non plus. »

            Elle s’est levée et elle est partie dans sa chambre. C’était toujours le même scénario. Toute ma vie j’avais vu ma mère faire la même chose lorsqu’elle était contrariée : elle allait dans sa chambre.

            Lorsque mon père est décédé, elle n’a pas pleuré. Elle était présente et absente tout à la fois. Elle ne pouvait plus habiter la maison seule puisqu’elle pouvait oublier un plat de cuisson sur la cuisinière ou encore laisser un robinet ouvert pendant des heures. Mon père avait toujours été là pour s’assurer que tout était en ordre mais sans lui, elle devait aller habiter dans une résidence pour personnes âgées. Elle en était très mécontente mais dû s’y faire. Au bout de 2 ans, elle a été transférée dans un centre de soins longues durées. Elle était maintenant alitée dû au Parkinson.

            Comme si c’était impossible pour elle de s’en empêcher, elle parlait continuellement contre mon père, contre ma grand-mère et la sœur de mon père. Je lui demandais toujours de cesser de m’en parler. Je me rappelais comment une certaine personne m’avait déjà salie par ses propos pour qu’on me rejette, alors je me doutais que ma mère faisait la même chose en ce qui concernait mon père et ma grand-mère. J’ai osé lui en parler.

            - « Maman, pourquoi est-ce que tu racontes des histoires qui sont fausses au sujet de Papa et de Grand-mère ? »

            - « C’est tout vrai », m’a-t-elle répondu.

            - « Maman, je me doute que non car voici…. » Je lui ai donné plusieurs exemples qui démontraient clairement ses mensonges. Elle ne pouvait plus s’esquiver comme lorsqu’elle habitait la maison paternel pour aller se réfugier dans sa chambre. Je m’étais souvent demandé si c’était bien de lui en parler dans cet état de faiblesse mais lorsqu’elle se mit à parler contre mon père à nouveau, j’ai senti que je devais l’affronter. Finalement, elle a avoué avec honte qu’elle avait tout inventé. Au moment où elle l’avoua, je fus prise par surprise. Essayant de me ressaisir, j’ai voulu savoir pourquoi.

            - « Pourquoi Maman ? Pourquoi as-tu fait ça pendant toutes ces années ? »

            Elle a enfin expliqué : « J’ai toujours voulu être admirée. »

            Je ne m’attendais pas à cette réponse et j’avais l’impression que mes yeux n’avaient jamais été ouverts aussi grands de ma vie tellement j’étais estomaquée ! Je reculai un instant sur ma chaise, accotant mon dos sur le coussin du dossier tentant d’assimiler cette information. Après un instant de réflexion, je lui demandai avec le souffle coupé : « Au détriment des autres ? »

            Elle n’osa pas me regarder.

            - « Ce n’est pas correct ça, Maman. Tu dis croire en Dieu et tu veux que les autres croient aussi. Comment expliques-tu que « nous serons jugés comme nous aurons jugé les autres » ? Crois-tu ce que Jésus dit à ce sujet ? »

            Sans dire un mot, elle acquiesça d’un signe de la tête

            - « Tu juges les autres au sujet de choses qu’ils n’ont même pas fait ? Comment penses-tu éviter un grave jugement ? Maman, il faut que tu te mettes en règle avec Dieu.»

            Elle avait trop honte pour parler. Voyant qu’elle était incapable de même me regarder, je lui fis la proposition suivante :

            - « Veux-tu que je prie pour toi ? »

            - « Oui » me dit-elle.

            - « Ok, je vais prier et répète après moi seulement si tu es d’accord avec ce que je dis, Ok ? »

            À cela, elle était entièrement d’accord. « Oui, j’aime ça comme ça. » me répondit-elle en me jetant un coup d’œil rapide. Je pris ses mains dans les miennes et je lui dis : « Très bien. » Ensuite je me suis mise à prier :

            - « Jésus, je te demande pardon pour tout le mal que j’ai fait avec mes paroles. Veux-tu me pardonner ? »

Elle répéta mes paroles. J’ai donc continué :

            - « Jésus, toi tu sais où se trouve mon mari en ce moment, peux-tu lui demander pardon de ma part pour le mal que je lui ai fait ? »

            Elle le répéta en me serrant les mains très fort. En haussant la voix, elle ajouta : 

            - « Oh, oui, dis-lui s’il te plaît. Amen. »

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            Je me suis tue tout en regardant son visage. Elle avait encore les yeux fermés. Tranquillement, elle les ouvrit et me regarda. Elle me fit un beau sourire. Quand j’étais allée la voir ce jour-là, je ne m’étais pas attendue à une telle discussion mais avec Jésus, il nous réserve toujours la vie, la vie en abondance. Ma mère était en règle avec Dieu.

            Environ un mois plus tard, je suis retournée visiter ma mère. L’aspect de sa chambre était différent. D’habitude elle gardait toujours les rideaux tirés ou à demi-fermés mais voilà que les rideaux étaient complètement ouverts. La chambre était illuminée de la lumière du soleil. Le ciel bleu était décoré de gros nuages blancs qui venaient de laisser tomber une couche de neige. La neige avait tout recouvert de blanc et on pouvait le voir de sa fenêtre. Je l’ai regardé et il me semblait qu’elle était tellement sereine. Est-ce que je vois bien ? Est-ce qu’il y a de la lumière sur son visage ?  Elle avait changé du tout au tout. Elle était si contente de me voir, qu’elle s’est assise sur le bord de son lit quelques minutes mais cela la rendit faible rapidement. Elle me répétait sans cesse les mêmes paroles :

            - « Je suis contente que tu sois là. Je n’en reviens pas. Tu es bien là. Comme je suis contente que tu sois là.»

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            Elle me regardait en clignant des yeux comme si elle avait peine à croire que je sois venue la visiter. Elle s’est recouchée car elle était déjà faible. Elle restait couchée et nous jasions. Je la regardais et je la trouvais tellement belle. Elle gardait les yeux fermés car elle était fatiguée disait-elle mais elle voulait que je reste auprès d’elle. Sa main gauche était déposée sur le lit tandis que la main droite était tendue dans ma direction comme si elle m’invitait à mettre la mienne dans la sienne. J’avançai la chaise berçante sur laquelle j’étais assise et je mis ma main dans sa main. Sa main tremblait en permanence par le Parkinson et la mienne tremblait maintenant au même rythme que la sienne. Elle ouvrit les yeux et me fit un sourire pour ensuite refermer ses yeux aussitôt. J’avais envie de lui dire merci pour tout ce qu’elle avait fait pour moi.

            - « Tu te rappelles maman quand tu avais tout fait pour m’aider à garder mon nouvel emploi à Montréal ? Tu avais pris en charge les enfants pendant les six premiers mois que j’ai dû voyager en train. Tu les aidais à faire leur devoir, tu faisais les soupers et le lavage pour moi. C’est grâce à ton aide que j’ai pu passer à travers ces mois-là. »

            Elle gardait les yeux fermés et elle souriait toujours. Elle acquiesçait d’un signe de la tête.

            - « C’est vrai. C’est bien de se rappeler de ça. » dit-elle.

            - « Tu te rappelles maman, comment tu confectionnais tous nos vêtements ? Comment tu as toujours vu à ce qu’on ait un bon repas à manger, des vêtements propres et une maison confortable ? Tout ça pour 10 enfants en plus ! » Elle souriait encore.

            - « Oui, c’est vrai. » en convena-t-elle.

            - « Tu te souviens des Noëls ? Comme tu faisais de la bonne bouffe ! On a toujours eu un beau Noël, hein maman ? »

            - « Je dirais que oui. » Il y eut un moment de silence, ensuite, elle ajouta : « Elle est belle la vie.»

            - « Oui maman, elle est belle la vie ! »

            Il n’y avait plus de pleurs, il n’y avait plus de chagrin, il n’y avait plus de mauvais souvenirs de mon enfance mais que de beaux souvenirs. Ils me revenaient encore maintenant comme au décès de mon père : un beau dimanche d’été, un gâteau de fête, un mariage, un match de « ping pong », le ski nautique au chalet, les baignades dans l’Outaouais, les randonnés en montagnes, les visites de grand-mère à la maison, les visites chez grand-mère, les parties de cartes, les fous rires avec mes petits frères, les espiègleries envers notre grande sœur, le feu qui ronronnait dans le foyer par les journée froide d’hiver, les repas traditionnels de Noël, Pâques, l’Action de grâce et tellement d’autres encore. Soudainement me vint l’idée que j’avais demandé pardon à Papa mais non à Maman.

            - « Maman, je veux te demander pardon. »

            Elle ouvrit les yeux et me regarda avec une question dans son regard.

            - « Je trouve que je ne suis pas assez allée vous visiter toi et Papa. »

            - « Ah ! Anne, tu nous as tellement aimés ! »

            Je ne m’attendais pas à cette réponse-là. Elle insista :

            - « Tu nous as tellement aimés ! »

            Elle me donna le courage de continuer :

            - « Je veux te demander pardon car il me semble que je ne t’ai pas assez aidée quand j’étais jeune à faire le ménage de la maison. » Et je lui ai exprimé encore tout ce que j’avais sur le coeur. Elle garda les yeux fermés. Il y eut encore un moment de silence. Soudainement, elle dit :

            - « Ça me fait du bien ce que tu me dis aujourd’hui. »

            Je craignais qu’elle cherche à m’excuser mais elle ne le fit pas. C’est ce que je voulais. Je désirais que nous soyons vraies. Est-ce que c’était la première fois que nous l’étions l’une envers l’autre ?

            Elle répéta à nouveau : « Elle est belle la vie. »

            - « Oui maman, tu as raison, la vie est belle. »

            Ma main était complètement engourdie par le tremblement de nos deux mains à l’unisson. L’engourdissement se faisait ressentir jusqu’au coude. Nous étions soudées par la main depuis combien de temps ? 20 minutes, 30 minutes ? Je ne le savais pas. Le temps n’existait plus.

            - « Maman, je t’aime. »

            Elle ouvrit les yeux, me regarda à nouveau, me fit un grand sourire et me dit :

            - « Moi aussi, je t’aime. »

            Sa main ne tremblait plus. Certainement elle se remettrait à trembler dans 30 secondes ou une minute, pensais-je. Mais au bout d’une dizaine de minutes, devant partir, je lâchai une main… qui ne s’était toujours pas remise à trembler… 

Anne Québec

            En conduisant sur le chemin du retour, je réfléchissais à ce qui venait de se produire. Est-ce que pardonner, aimer… être pardonné, être aimé… peut faire des miracles ? Je ne sais pas dans quelle mesure, mais je sais pour le vivre que l’amour est puissant, patient, joyeux, paisible, compatissant, miséricordieux… et qu’il est éternel*  ! Alléluia !

 

 

 Anne Nicole (Québec – Canada) - Mai 2011

 

Témoignage exclusif pour L’Echo des Chrétiens (http://lechodeschretiens.over-blog.com)

Ne pas reproduire sans autorisation – Utiliser la version intégrale – Notifier la source

  *1 Corinthiens 13 :8 

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